Marie-Charlotte Mbarga Kouma

 
   

Marie-Charlotte MBARGA KOUMA est la première femme Dramaturge d’Afrique subsaharienne. Elle a vu le jour le 15 juillet 1941 à Bafia, au Cameroun et s’est éteinte en France le 13 février 2008 à 66 ans.

Née d’un père haut fonctionnaire et d’une mère au foyer, Marie-Charlotte Ekorong à Pérem, de son nom de jeune fille, est la deuxième d’une fratrie de trois enfants. Elle grandit dans une famille unie et aimante au rythme des affectations de son père dans différentes régions du Cameroun. Liée par une grande complicité à sa sœur aînée et son frère cadet adoré, elle passe sous le regard protecteur de ses parents une enfance et adolescence somme toute heureuses.

En 1957, elle intègre l’Ecole Normale des Instituteurs d’Ebolowa, au sud du Cameroun et épouse en 1960 un diplomate, Godefroy MBARGA KOUMA. Ensemble, ils auront huit enfants. Marie-Charlotte MBARGA KOUMA a 24 ans lorsque démarre sa carrière de Dramaturge en 1965 en Egypte. Tout en parcourant le monde aux côtés de son époux, elle poursuit entre deux maternités son travail littéraire et artistique. C’est ainsi qu’en 1966 en Guinée Equatoriale, elle écrit et met en scène « La Famille Africaine » puis « Le Charlatan » en 1967 et « Une fille dans la tourmente » en 1968. Elle poursuit son œuvre en écrivant « Un Enfant » en 1969 et « Le Mariage de ma cousine » en 1972.

En 1973, elle remporte le prix ORTF avec « La Famille Africaine » rebaptisée depuis « Les Insatiables ». Dans cette pièce à succès représentée à plusieurs reprises au Cameroun et à l’étranger, Marie-Charlotte MBARGA fait un portrait au vitriol de la famille africaine.

Dans « Un Enfant », elle se penche sur la question de la stérilité dans le couple. Dans « Le Mariage de ma cousine » elle s’attaque aux mariages forcés et à la polygamie. Et dans « Les Aventures de Passa », elle aborde de manière avant-gardiste en 1975, dans une Afrique où les préoccupations sont plus politiques que sociales, les questions d’homosexualité, de transsexualité et de bisexualité, en mêlant avec brio croyance aux esprits et pouvoirs des forces occultes. Dans « Monsieur Homme-serpent » et « Consternation », elle n’est pas moins prolixe, lorsqu’elle pointe du doigt les comportements à risque de certains de ces personnages.

Ecrire sans jamais se prendre au sérieux, avec humilité et passion, pour le plaisir de dire les choses et le monde qui l’entoure, semble être la devise de Marie-Charlotte MBARGA. Dans son œuvre, il y a un je ne sais quoi qui fait de cette épouse de diplomate et maman aimante, une dramaturge d’exception. L’étude de son œuvre révèle que Marie-Charlotte MBARGA n’a eu cesse d’interpeler à travers ses pièces, son public sur des questions d’actualités. Des questions qui demeurent d’ailleurs encore et toujours, et ce en dépit du temps qui passe, d’une extraordinaire actualité. D’aucuns les qualifieront aujourd’hui de sociétales.

Aussi bien dans « Un Enfant » que dans « Une Fille dans la tourmente », « Le Mariage de ma Cousine » ou encore « Les Insatiables » et « Les Aventures de Passa » pour ne citer que ces pièces-là, Marie-Charlotte MBARGA interpelle et questionne la société traditionnelle et moderne, mais aussi le profane et le sacré, tantôt avec détachement, tantôt avec sarcasme, mais toujours avec justesse et sans faux-semblants, sur la famille, son thème de prédilection. Et par extension le rapport à soi et à l’autre, le respect et la générosité, valeurs qu’elle considère comme essentielles dans la vie, et qui sont omniprésentes dans ses pièces. Valeurs auxquelles s’ajoutent pour cette protestante pratiquante, une foi inébranlable en Dieu.

La place prépondérante que Marie-Charlotte MBARGA accorde au thème de la famille dans son œuvre, fait de cette épouse, mère aimante et dramaturge d’exception, une personne éminemment généreuse, à l’écoute du monde qui l’entoure et alliant avec la même passion, sa vie de mère, d’épouse et de femme de culture.

Marie-Charlotte MBARGA a écrit une dizaine de pièces de théâtre, mais ne s’est pas arrêtée là. Elle a fondé dans les années 70, la troupe « Les Etoiles de la Capitale » qui s’est produite lors des réceptions organisées par l’Ambassade du Cameroun dans les différents pays où elle a séjourné en sa qualité d’épouse de diplomate, mais aussi au Centre Culturel Français de Yaoundé où elle avait ses habitudes.

Outre ses activités théâtrales, Marie-Charlotte MBARGA a fondé et dirigé le ballet « Mini Yakan », groupe de danse composé de jeunes filles rassemblées dans la célébration des danses traditionnelles du Cameroun. Le succès du ballet Mini Yakan fut retentissant dans les années 80.

En sa qualité de femme de théâtre, elle a été membre du conseil d’administration de la Société Camerounaise de Dramaturges et a travaillé pendant de nombreuses années à la Direction des Arts et Lettres du Ministère Camerounais de la culture. Une partie de l’œuvre de Marie-Charlotte MBARGA est en cours de (ré)édition.

Angèle Mbarga