Hommages

 
   

Madame Mbarga, tu es née comme tu pars. Mais que de choses tu as accomplies ! Tu as rempli ton cahier et ta mission et cela seulement était important. Tout ce que tu as fait et crée continuera à t’honorer. Femme de valeurs, tu l’auras été des Etoiles de la Capital aux Mini-Yakan, de tes enfants à tes petits-enfants. A travers ce que tu as accompli, la leçon que nous retiendrons est de rester nous même.

L. Kiki

Infatigable promotrice d’une culture qui sans toi n’aurait pas eu de voix, tu as été admirable et demeureras pour nous un Exemple. Parce que tu as été notre seule voix à ce jour, avec ton départ tu ne saurais t’éteindre à jamais. Merci pour tout ce que tu as été pour nous. Merci pour tout ce que tu as fait pour nous.

G. Well-Messina

Le Cameroun a perdu l’une de ses prestigieuses femmes de culture en la personne de Madame Marie-Charlotte MBARGA KOUMA. Femme de culture et de lettres, fondatrice du célèbre ballet Mini Yakan, Madame Marie-Charlotte MBARGA KOUMA est une pionnière dans les arts dramatiques en Afrique noire. En sa qualité de Dramaturge et Metteur en scène, lauréate du concours théâtral organisé par RFI en 1973, elle a marqué de son sceau le théâtre camerounais des années 70 et 80. On parlera d’elle des générations durant.

E. Ngono à Rebama

La perfection n’est pas de ce monde certes, mais comme Marie-Charlotte MBARGA KOUMA n’est plus, permettez-moi de donner au poème que j’ai écrit à son intention le nom Perfection.

La Perfection
C’était le 15 juillet 1941
Un jour presque divin
Alors la perfection
Sans précaution
Voulant se faire chair
Descendit sur la terre
Et choisit pour l’incarner
Durant plusieurs années
Une toute jeune femme
Elle devint parmi les femmes
Comme un grand fromager
Au milieu d’un bosquet
Son physique parfait
Son savoir parfait
Son caractère parfait
Tout en elle était parfait
Ceux qui la côtoyaient
Où simplement la voyaient
Sans la moindre hésitation
La surnommaient Perfection

Marie-Charlotte MBARGA KOUMA, une Etoile de la Capitale au Paradis !

C’est sur les bancs de l’école qu’elle avait commencé à s’impliquer dans l’art sous toutes ses formes. Très jeune, elle incarnait déjà de grands rôles dans des pièces classiques. Sa directrice d’école déclara à l’époque qu’elle avait de l’avenir dans l’art dramatique. C’est ainsi que les Etoiles de la Capitale, troupe de théâtre que Madame Marie-Charlotte MBARGA KOUMA avait créée en mai 1973, se mit à briller de mille feux, en donnant souvent à Yaoundé notre capitale, des spectacles d’excellente qualité. Le Ballet Mini Yakan qui avait le mérite et l’originalité de moderniser les danses traditionnelles du Cameroun, pour les mettre à la portée de tous, ne tarda pas à entrer dans la danse. Formée à l’école Normale de Instituteurs d’Ebolowa, Marie-Charlotte MBARGA KOUMA au fil des affectations à l’étranger de son époux diplomate, a servi son pays non comme enseignante, mais en qualité de femme de culture. Son détachement au Ministère de l’information et de la Culture, suivi de sa nomination à la Direction des Arts et Lettres l’avait comblée.

S. Nkamgnia

Ma chère Marie, « Le Mariage de ma cousine » s'est bien déroulé dans la pure tradition de « La Famille Africaine ». Même si moi le « Le Charlatan » je n'ai pu te guérir, nous danserons toujours avec « Les Mini Yakan » dans le souvenir de ton charmant sourire, ta voix suave et ta noblesse de cœur. Je n'oublierai jamais l'influence que tu as eu dans ma vie.

J'ai eu de la chance dès la création de ta troupe de théâtre, « Les Etoiles de la Capitale » de faire partie de tes comédiens. A l'époque je faisais du chant, je venais d'écrire un recueil de poèmes et j'avais joué dans la pièce de Guillaume Oyono Mbia, « Trois Prétendants et un mari » . Tu as fait appel à moi; nous avons lancé un casting et recruté ceux qui allaient devenir tes comédiens. Ta troupe de théâtre a pris son envol avec de multiples représentations à travers les principales scènes de Yaoundé et des environs, dans un paysage culturel où l'on retrouvait des grands noms du théâtre Camerounais tels que Lucien Mamba, Raymond Ekossono, Protais Asseng, Jean-Baptiste Obama, Pierre Makon, et bien d'autres. J’ai eu le privilège de jouer dans ta troupe, Les Etoiles de la Capitale, mais également d’en être secrétaire général et régisseur lors de certaines de nos représentations. Mon passage dans ta troupe de théâtre m'a permis de jouer dans un téléfilm, « Japhet et Ginette ». Fortement inspiré par ta façon d'écrire, j'ai pu lors de ma formation à Paris, écrire, réaliser et diriger des acteurs dans deux fictions.

Ton œuvre est prolifique et je ne pourrai parler de tout ce que tu as fait de façon exhaustive tant tu as illuminé le monde artistique et culturel de ton immense talent. Tu avais un don spécifique : sans avoir fait d’études spécialisées, tu écrivais tes pièces en t’inspirant de situations de la vie du terroir africain, avec un réalisme époustouflant! Parce que tu aimais ce que tu faisais, et que tu étais intelligente, attentive et dotée d'une grande ouverture d'esprit, les idées te venaient au cours des représentations de tes pièces ou celles d’autres dramaturges auxquelles tu assistais régulièrement. Perfectionniste jusqu’aux bouts des doigts, tes pièces n’étaient jamais entièrement finies, tant que tu considérais que le rendu n’était pas parfait. Au fil des représentations, tu apportais à tes oeuvres des modifications et des retouches pour améliorer leur intrigue. Tu n’étais pas du genre fermée qui sait tout et qui n’a besoin de personne, bien au contraire, tu as eu régulièrement recours à moi et à d’autres, pour la relecture de certaines de tes pièces. C’est ainsi que dans « Le  Charlatan », pièce dans laquelle j’ai joué et interprété le rôle principal, je t’ai amené à accepter d’apporter des modifications à certains paragraphes.

Tu étais un metteur en scène d’exception ! Tu dirigeais tes acteurs de manière soft; toujours avec le sourire et des encouragements. Même quand les choses n'étaient pas bien faites, tu t'en émerveillais. Patiente, compréhensive et maternelle avec tes comédiens, tu étais méticuleuse et tatillonne sur les détails des costumes, du maquillage et des décors. Courageuse et tenace pour l'obtention des autorisations officielles. Tu débordais tellement de dynamisme qu’en plus de ton travail de dramaturge, tu as crée dans la foulée des Etoiles de la Capitales, le groupe de danse Mini Yakan, magnifique clin d’œil à ton village que tu aimais tant! Sous ta houlette de chorégraphe, ce groupe composé d'enfants talentueux, animait non seulement les entractes de tes pièces, mais également fêtes et cérémonies officielles.

Mère de famille affectueuse et attentionnée, pas uniquement pour tes enfants, mais également pour les nombreux autres enfants que tu adoptais et considérais comme les tiens, tu étais une femme discrète, profondément généreuse et respectueuse des autres. Tu étais une mère douce et attentive; tu avais un sens aigu de la famille et mettais la famille au centre de tout! Ton talent t'a valu plusieurs prix internationaux. Je n'oublierai jamais ton sourire, ta voix douce, ta noblesse de coeur et la générosité qui te caractérisaient. Je suis sûr qu'avec ceux qui t'ont précédée, tu animes désormais les soirées culturelles du paradis des artistes.

L. Moubitang